Depuis plusieurs années, et notamment popularisé par Facebook, le Métavers devient une réalité. Permettant de connecter le monde physique et le monde digital, il est perçu comme une nouvelle révolution depuis l’avènement du web 3.0. La mission sur le développement des métavers vient de remettre son rapport. Une opportunité pour faire un point d’étape sur le Métavers dans le champ de la formation et repérer les opportunités qu’il peut offrir aux OF.
Des opportunités de formation pour développer les univers immersifs
Selon le rapport, le secteur de la formation doit anticiper les besoins du secteur. En effet, l’annonce d’investissements massifs dans les technologies immersives s’accompagne de création d’emplois avec un fort besoin de qualifications dans des secteurs déjà en tension, comme par exemple dans le métier de data scientist (ingénieur en intelligence artificielle). Alors que la France dispose d’écoles d’ingénieur et de création numérique reconnues mondialement, les acteurs de la formation doivent pouvoir s’adapter à ces nouveaux besoins, et assurer une meilleure intégration entre les enjeux techniques et créatifs.
Univers immersif en constante évolution, le Métavers a d’ores et déjà besoin de compétences nouvelles pour se développer. Nous avons identifié 3 secteurs offrant des opportunités de formation pour les OF:
Informatique/Développement
Renforcer l’enseignement de la programmation, aussi bien pour les formations scientifiques que les formations artistiques, s’avère nécessaire pour former les apprenants à utiliser les logiciels existants, maîtriser la programmation 3D en temps réel et construire des mondes virtuels en ligne.
De la même manière, pour répondre aux besoins de développement de ces univers virtuels, des connaissances pointues en génie logiciel, programmation temps réel, parallélisme, géométrie algorithmique, interface humain-machine et IA sont indispensables. Des sujets dont les universités et grandes écoles françaises peuvent se saisir.
Infographie/Création
Les formations Art Sciences sont rares, voire inexistantes en France alors que le pays est considéré comme un acteur majeur des expressions numériques culturelles. Des écoles, telles que Rubika (animation 3D, jeu vidéo), sont d’ailleurs reconnues internationalement. Les formations permettant de créer des contenus de qualité au sein même du Métavers prennent alors tout leur sens : modélisation 3D, infographie, animation, postproduction, effets, développement des interactions en réalité mixte… Ces formations devraient être encouragées dans un mode applicatif et concret afin de favoriser le dialogue et les synergies entre scientifiques et créateurs.
Juridique
À l’heure où chacun veille à respecter la RGPD, le Métavers pose de nouvelles questions concernant le stockage de données sensibles. En effet, dans le Métavers, la collecte des données de mouvements et les actions (comportementales) dans le monde réel est automatique afin d’avoir une réaction en conséquence dans le monde virtuel. Le métavers pose plusieurs dangers, notamment celui d’une augmentation exponentielle de la collecte de données, où il se pourrait que même la personne concernée ne s’en rende compte. Éduquer et former sur les impacts juridiques des métavers sera alors nécessaire au sein des organisations mais aussi auprès des futurs acteurs de cet écosystème. Des premières initiatives menées par le Metaverse College et la NFT Factory, ont d’ailleurs déjà vu le jour.
Utiliser le Métavers en formation
Au-delà des opportunités de formation pour répondre aux besoins de développement du Métavers, les OF peuvent utiliser ces univers immersifs en formation. Une expérience d’apprentissage à travers un casque ou un simple avatar permettant une immersion de l’apprenant dans une situation “concrète”. Le Métavers peut ainsi permettre d’immerger les apprenants dans des environnements spécifiques utiles à leur apprentissage (univers évoquant le bien-être, le calme, la sérénité favorable à la concentration et à la diminution du stress) ou bien encore des environnements en lien direct avec le contenu de l’enseignement (comme par exemple la reproduction d’une période historique pour permettre aux usagers d’avoir une meilleure perception d’une époque).
Mais l’application pédagogique la plus révolutionnaire repose sur l’apprentissage des gestes. Des simulations en réalité virtuelle existent déjà dans divers domaines, comme la chirurgie par exemple. La simulation en réalité virtuelle d’une opération chirurgicale avec tous les intervenants, de la gestion d’une situation de crise dans une usine sensible, d’une situation de chantier ou de production, pourrait à terme présenter un intérêt pour les organismes de formation.
Freins et limites du Métavers
Il devient impossible de parler de Métavers sans se poser des questions sur son impact environnemental. Stockage de données, fabrication de nouveaux processeurs et de nouveaux équipements, dépenses énergétiques… Ainsi, pour une utilisation “raisonnée” du Métavers, la valeur apportée par cette technologie devrait pouvoir être supérieure aux impacts environnementaux générés, autrement dit dépasser le simple divertissement ou la simple spéculation en permettant un progrès significatif.
Se pose également la question des inégalités d’accès. Le Métavers pourrait effectivement conduire à une forme d’exclusion des personnes malvoyantes ou ayant une déficience cognitive par exemple. Il existe aussi de nombreux enjeux en termes d’équipement (nécessité de bénéficier d’une connexion internet performante, de matériels avec une carte graphique ou une puissance suffisante). L’illettrisme électronique constitue également un défi de taille, au vu du matériel et des compétences pour accéder à ces nouveaux services. Une véritable réflexion à mener (et très certainement des formations à imaginer) pour utiliser ces univers immersifs à bon escient.
Source :