À l’ère de l’IA, le formateur ne se limite plus à transmettre des savoirs. Il devient un facilitateur, combinant technologie et accompagnement humain. Si l’IA peut structurer les parcours, elle ne remplace ni l’intuition ni l’empathie nécessaires pour inspirer et soutenir les apprenants. Cette évolution exige de nouvelles approches qui intègrent l’innovation technologique tout en préservant la richesse des interactions humaines. Ainsi, quelle posture doit adopter le formateur face à l’IA ?
De nouvelles compétences à maitriser
Être formateur à l’ère de l’intelligence artificielle implique d’acquérir les compétences nécessaires pour utiliser ces outils de manière efficace. Cela signifie maîtriser les bases essentielles pour former dans ce nouveau contexte technologique.
Il ne s’agit pas de devenir expert en langage informatique, mais de comprendre le fonctionnement de l’IA, d’apprendre à rédiger des prompts pertinents et, surtout, de transmettre aux apprenants un esprit critique pour analyser et utiliser les productions de l’IA avec discernement.
- Comprendre comment fonctionne l’IA : ses principes, ses limites et ses biais potentiels,
- Apprendre à maîtriser l’art du prompt : savoir poser les bonnes questions pour obtenir des réponses précises et adaptées,
- Transmettre l’esprit critique aux apprenants, afin qu’ils puissent analyser et évaluer les productions IA avec discernement.
La plateforme FUN-MOOC (France Université Numérique) propose des formations gratuites sur le numérique, l’IA et leurs applications pédagogiques. Ces cours constituent une première approche et permettent aux formateurs de s’initier de manière autonome. Par exemple, « Intelligence artificielle pour et par les enseignants » qui a pour objectif d’aider les enseignants et la communauté éducative dans son ensemble à acquérir une compréhension générale sur l’IA. « L’intelligence artificielle générative et moi », ce mini MOOC permet de former rapidement à l’IA générative dans son quotidien. Un autre MOOC est aussi disposnible « L’Intelligence Artificielle… avec intelligence ! » de l’INRIA qui permet de manipuler des programmes d’IA!
Ces modules peuvent ensuite être complétés par un parcours de formation plus approfondi.
Concernant la posture éthique du formateur, elle est importante car les contenus générés par IA doivent être confrontés à une analyse critique pour vérifier la pertinence et l’objectivité. Les formateurs doivent connaitre les limites de l’IA pour pouvoir sensibiliser leurs apprenants aux limites de l’IA, qui peut produire des informations biaisées ou erronées.
Le contexte culturel et la diversité est aussi à prendre en compte. Les outils, souvent développés dans des contextes dominés par certaines cultures (comme celle des États-Unis), peuvent produire des réponses inadaptées localement. Le rôle du formateur est donc de contextualiser les informations pour préserver une diversité culturelle et assurer la pertinence des contenus pour chaque apprenant.
Les défis pratiques des outils IA
Les solutions IA disponibles aujourd’hui facilitent la conception et la mise en œuvre de dispositifs pédagogiques innovants. Elles deviennent de véritables assistants du quotidien.
Par ailleurs, l’IA permet une personnalisation des parcours pédagogiques grâce à l’analyse des données d’apprentissage en temps réel. Cette personnalisation augmente l’efficacité des dispositifs et laisse au formateur le temps de se concentrer sur ses missions essentielles : gestion des dynamiques de groupe, réponse à des besoins spécifiques, accompagnement dans le développement des compétences transversales comme la créativité ou l’esprit critique, etc.
Cependant, l’utilisation de l’IA n’est pas sans contrainte. Les formateurs doivent superviser les productions de l’IA pour éviter des erreurs ou des biais.
- Gestion du temps : Valider les contenus générés par l’IA peut s’avérer chronophage, surtout si les corrections ou adaptations sont nombreuses.
- Complexité technique : Certains outils demandent une maîtrise technique que tous les formateurs ne possèdent pas encore, notamment pour formuler des prompts efficaces ou exploiter pleinement les fonctionnalités.
- Accès limité aux outils : Dans des contextes où les infrastructures technologiques (connexion internet, ordinateurs performants) sont insuffisantes, l’usage de l’IA devient compliqué.
Humaniser l’apprentissage
Si l’IA simplifie et enrichit les pratiques, elle ne remplace pas l’humain. Le contact direct avec les apprenants reste essentiel pour construire une relation de confiance, encourager l’engagement et animer des dynamiques de groupe. L’IA doit être utilisée comme un outil d’accompagnement et non comme une substitution. L’IA ne supplantera pas les formateurs, mais elle redéfinit leurs missions en leur permettant de se repositionner sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.


